Les Etxauz sont des proches des rois de Navarre, qu'ils servent à la cour, dans les armées et les forteresses, ou dans l'administration, à la tête de « merindades » (régions administratives de Navarre à partir du XIIIe siècle). Gratien d'Etxauz défend, au côté de ses souverains, l'indépendance de la Navarre entre 1512 et 1527. Son petit-fils, Bertrand d'Etxauz, est le 1er aumônier d'Henri IV et de Louis XIII, évêque de Bayonne entre 1599 et 1617, et archevêque de Tours jusqu'à sa mort en 1641.
À l'orée du XVIIIe siècle, la vicomté et le château passent à la famille gasconne des Saint-Martin (Capbreton), puis vers 1750, aux mains des Caupenne d'Amou (Saint-Pée). L'héritière du titre et du château épouse, le 23 janvier 1795, Jean Harispe, fils d'un bourgeois de Donostei. Le couple n'a pas d'enfant, la dynastie vicomtale s'éteint avec Marguerite Caupenne d'Amou, dernière dame d'Etxauz, le 10 février 1832.
Harispe, capitaine des armées françaises sous les guerres de la Convention, est le fondateur du corps franc des « chasseurs basques » qui repoussent l'invasion espagnole entre 1793 et 1794 (notamment lors de la bataille du rocher d'Arrola, au-dessus de Baigorri). Harispe, dont le buste trône dans le jardin public de la commune, participe aux campagnes napoléoniennes, est fait comte de l'Empire, puis maréchal de France sous le Second Empire (1851). Il n'habite cependant jamais le château, qui est vendu, en 1848, à la famille basco-irlandaise des d'Abbadie d'Arrast.
Charles d'Abbadie d'Arrast, vit au château jusqu'à son décès, en décembre 1901. Etxauz reste un bien familial, et il est régulièrement fréquenté par, le petit-fils de Charles, Harry. Celui-ci travaille à Hollywood, aux États-Unis. D'abord assistant de Charlie Chaplin, il devient réalisateur et scénariste dans les années 1920 et 1930. D'Abbadie d'Arrast et Chaplin viennent séjourner à trois reprises, au château d'Etxauz (1925, 1926 et 1931). Puis, entre 1940 et 1944, le château est réquisitionné par l'armée allemande qui y établit son quartier général. En 1976, Eleanor Boardman, actrice hollywoodienne veuve d'Harry d'Abbadie d'Arrast, décédé en 1968, vend le château pour retourner aux États-Unis.
S'ensuivent des années difficiles : le château est vendu à plusieurs reprises à des locaux, puis pillé et saccagé, et laissé à l'abandon jusqu'en 1994. Il est alors racheté par un couple bayonnais, M. et Mme Pierné, qui le restaurent complètement et le remeublent. Le château d'Etxauz est inscrit aux Monuments Historiques et primé en 1997 (Grand Prix National des Vieilles Maisons Françaises). En 2003, les époux Pierné vendent le château à M. Azrani, homme d'affaires de Miami dont l'épouse a des origines à Erratzu, village voisin de Baigorri. Les Azrani sont les actuels propriétaires du château.
L'église Saint-Étienne
Citée pour la première fois au début du XIIIe siècle (1236), l'église Saint-Étienne voit ses rentes relever alors pour moitié, du monastère navarrais de Roncevaux et pour autre moitié, du roi de Navarre. De son passé médiéval, Saint-Étienne conserve des colonnes romanes du XIIe siècle, une tour et des vestiges de fortifications, qui rappellent qu'elle fut aussi un bâtiment défensif, et une chapelle (la chapelle des vicomtes de Baigorri) gothique, avec ses chapiteaux sculptés.
L'église est agrandie et rehaussée, et trois étages de galeries sont bâtis entre le XVIe et le XVIIIe siècles, période de forte croissance démographique. Un retable baroque, classé en 1975 et restauré en 2013, est réalisé entre 1707 et 1710. Le tableau central présente le martyre de Saint Étienne. Le clocher est rehaussé entre 1790 et 1793. Au XIXe siècle, un maître-hôtel de style néo-baroque est réalisé et placé devant le retable.
Enfin, un orgue baroque de facture alsacienne, créé par Rémy Malher en 1999 sur commande de l'association Orgue en Baïgorry, est installé au fond des galeries, face au retable. Il est au centre d'un festival qui se déroule chaque année au mois d'août.
L'église Saint-Étienne est classée Monument Historique en 2013.
Le pont dit « romain »
Ce pont construit en 1661 a longtemps été la principale voie permettant d'enjamber la Nive. Son arche unique en plein cintre lui donne ce style roman qui est à l'origine de son surnom. Le pavage du pont porte encore la marque des charrettes qui l'empruntaient autrefois.
Le fronton municipal
Construit en 1857, il a été financé par les frères d'Abbadie d'Arrast (Antoine, Arnaud, et le propriétaire d'Etxauz, Charles). Le fronton a été érigé sur une terre cédée par ce dernier la commune. Un linteau écrit en vers et en basque, rappelle la gratitude des Baigorriar envers les trois frères. Le mur du fronton a été rehaussé avant la Seconde Guerre mondiale et peut accueillir des parties de rebot.
La chapelle d'Oilandoi
En 1706, la Cour générale de Baigorri, qui rassemble tous les maîtres de maison des 11hameaux de la Vallée, décide de fonder un ermitage en haut de la montagne Oilandoi. Les ermites sont chargés, par leurs prières, d'attirer la bienveillance des cieux sur leur territoire et leurs cultures, alors durement touchés par les grêles et les tempêtes. Les hameaux de Baigorri devaient, à tour de rôle, se charger d'entretenir les ermites. L'ermitage est occupé sans discontinuer entre 1740 et 1792.
En 1985, la chapelle, fortement endommagée par des vandales, et par les aléas du temps, est reconstruite entièrement. Elle fait l'objet, comme dans les siècles passés, de deux pèlerinages des Baigorriar et des villages alentours, en juin et en août.
Les quartiers de Baigorri
Héritiers des anciens hameaux autonomes, les 6 grands quartiers de Baigorri gardent les traces de leur passé : Okoze, Germieta et Urdoze ont conservé leur chapelle, qui était certainement autrefois l'église paroissiale. Au bout de la place d'Urdoze s'élève Jauregia, la maison noble des seigneurs d'Urdoz, signalés dès le XIVe siècle. Au milieu des vignes de Mignaberry et un peu à l'écart de la route principale qui traverse Leizparze, le château de Leizaratzea, rappelle le passé noble de la famille Lizaratzu, signalée dans les registres navarrais puis français entre le XIVe et le XVIIIe siècle.
Chaque quartier a ses spécificités : Germieta a conservé son fronton ainsi que son lavoir daté de 1789. Otikorene a gardé son allure de hameau-rue, avec ses fermes disposées le long de la voie communale, au pied de Jara. Urdoze a fait aménager, en son temps, sa propre bastide, aujourd'hui le quartier « Bastida » (nouvelle implantation). Outre son retable du et XVIIIe siècle, Okoze conserve, à l'intérieur de sa chapelle, des statues en bois sculpté datant des XVIIe et XVIIIe siècle.
Germieta, Leizparze, Urdoze, Otikorene, Donostei et Okoze sont parsemés de fermes des XVIIe et XVIIIe siècles, dont le linteau sculpté, au dessus de la porte, rappelle la date de leur construction (ou reconstruction) et bien souvent, le nom du maître et de la maîtresse de maison. Certaines de ces « etxe » sont d'ailleurs des maisons nobles. Elles donnaient à leur propriétaire des avantages fiscaux, ainsi que le droit de voter lors des États de Navarre (assemblée des vallées de Basse Navarre). Ces maisons sont dites « infançonnes », comme Iriberria, en face de la mairie, qui clame fièrement son appartenance : « INFANCON SORTUNNIS INFANCON HILENNIS » (Infançonne je suis née, Infançonne je mourrai »). Chaque quartier, à l'exception d'Otikorene, a ses maisons infançonnes. On trouve, par exemple Auzkia à Okoze, Betartea à Urdoze, Aparainea à Leizparze et Etxeberria à Germieta.
Les 6 grands quartiers de Baigorri ont ensuite essaimé et donné naissance à de nouveaux quartiers comme Eiheralde, Belexi, Iparagerre, Haritzalde, Irube, Bortzirieta... qui font de Baigorri un village éclaté sur une superficie couvrant près de 70 km² !